Le bruissement des feuilles d'automne mêlé au gazouillis d'oiseaux entraîne
Véronique dans une rêverie de fin d'après-midi bien méritée après cette journée si fatigante. Yeux clos, elle tente
d'oublier le fracas des carrosseries, le hurlement de l'ambulance, les quatre heures d'attente dans cette morbide salle d'urgence. Yves souffre seulement d'un trauma crânien sans gravité et d'une
belle foulure du poignet. Quant à Elodie, "ma belle Elodie", elle souffre d'égratignures avec une jolie ecchymose sur la hanche. Pour le moment, comme Véronique, elle se repose,
assoupie.
L'accident survint à l'heure où les croissants encore chauds plongent dans le
café d'un tiède samedi de juillet. Yves s'était levé tôt, vers 6 h, pour être prêt à 8 h comme prévu afin de partir avec Véronique et Elodie à Deauville goûter les joies du soleil sur la Manche.
Elles étaient en retard, évidemment aurait dit Marguerite Duras. Tant et si bien qu'ils abordèrent la Place de la République tout en se disputant avec légèreté sur ce retard habituel. Yves
contourna la statue centrale, tourna la tête vers Véronique "ah! Tu vois je vais être au rouge" tout en appuyant sur le frein. En un millième de seconde il vit un engin dans son rétroviseur
s'encastrer dans son coffre. Choc. Cris. Bruit. Véronique pleure, saigne. Elodie tremble de tout son corps. Yves est comme assoupi. Bien qu'ils aient bouclé les ceintures, leurs corps ont subi
les chocs violents. La suite fut d'une banalité affligeante. Police, Samu, constatations, dépannage, salle d'urgence, radios, prises de sang, pansements, taxi.
Seul Yves est retenu à l'hôpital Saint Louis pour 48h car sa perte de
connaissance et son gros hématome sur le haut de son crâne dégarni réclament ce que l'on appelle communément une "mise en observation". Véronique et Elodie ont alors décidé de rester ensemble.
"Viens chez moi" avait proposé Véronique. Elodie, encore choquée, avait accepté sans hésitation avec un beau sourire "Oh! Tu es super, oui avec plaisir".
En cette fin d'après-midi, Véronique se sent calme, tranquille, sans inquiétude
pour Yves. Elle se lève pour préparer un petit repas à deux et en elle-même elle pense "en amoureux"...ce qui la fait rire intérieurement. Yves,
compagnon charmant, adore ce genre d'humour...Il est plus vieux de 20 ans mais elle l'aime sincèrement de tout son cœur, de tout son corps, de toute son âme. Journaliste comme elle, Yves l'a
séduite dès le premier regard. Malgré un physique presque banal, avec les petites rondeurs de bientôt la soixantaine, il dégage une impression de force et de calme au sourire esquissé qui
charmerait une colonne de marbre. Véronique se souvient de cette poignée de mains qui lui avait provoqué une petite décharge électrique dans le ventre. Cet inconnu se présentant "Yves Bourrin"
tout en lui souriant, yeux noirs plongeant au plus profond de son être, l'avait subjuguée au point qu'elle se sentit nue face à lui. La suite fut à la fois rapide et merveilleuse. Une semaine
plus tard il l'invita chez lui et elle y resta. Leurs échanges, leurs conversations, leurs balades, tout lui plaisait et le jour où, pour la première fois, ils unirent leurs lèvres, ce fut
évident. Ce baiser semblait éternel, sceau d'union spontanée. Langues qui se mêlent et se caressent et se durcissent et s'aspirent. Lèvres qui caressent et étreignent, ouvertes et humides. Elle
défaillait de désir. Yves l'entraînait en une chevauchée d'amour si doux et si violent qu'elle sentit des larmes poindre au coin de ses yeux fermés. Il avait du s'apercevoir de cette intensité
car alors il lui avait déposé de multiples baisers sur ses paupières comme des pétales de fleurs.
Tout en sortant les ustensiles utiles à la préparation de pâtes romana, une de
ses recettes inédites, elle pense à Yves, seul. "Il doit dormir le chéri" pense-t-elle pour se rassurer. Elle prépare les ustensiles sans trop réfléchir car elle a décidé de faire le repas facile
: crabe et tomates, ses pâtes roman et fruits.
Et Elodie ? Véronique va voir si elle dort encore. La pénombre de la chambre est
rougeoyante du soleil couchant. Elodie, allongée sur le dos, longs cheveux noirs éparpillés sur l'oreiller bleu, yeux fermés, mains posées sur son ventre, chemisier entr'ouvert, respiration
régulière. Véro se surprend à être émue de la voir ainsi tellement apaisée, belle comme jamais. Elle s'assoit sur le bord du lit pour l'observer sans oser la réveiller. Il est presque 9h du soir.
Il va falloir qu'elle se réveille...
Véronique s'incline un peu vers Elodie dont les petits seins soulèvent
régulièrement le corsage, lèvres entr'ouvertes. Elle lui passe très lentement sa main sur le visage, en un subtil effleurement "Elodie, Elodie..." lui chuchote-t-elle, sa main allant
naturellement dans la chevelure opulente qu'elle caresse dans un geste quasi maternel. Elodie garde les yeux fermés mais elle s'étire, s'ébroue comme un petit chat et passe ses bras autour de
Véronique qu'elle attire à elle en murmurant "Ah! Que je suis bien...". Véronique se retrouve ainsi enlacée sur le corps d'Elodie et elle sent son cou embrassé par des lèvres humides. A nouveau
elle ressent cet éclair qu'elle connaît bien dans son ventre. "Non ! C'est pas possible !" se dit-elle mais les lèvres parcourent son cou et les bras l'enserrent en une étreinte si forte.
"Elodie, as-tu bien dormi?" questionne-t-elle dans un souffle comme pour détourner son désir. "Oui et le réveil est si doux..." murmure Elodie qui se met à caresser le dos puis les reins de
Véronique avant de l'enserrer à nouveau en une étreinte plus forte. Une pensée subite manque de faire éclater de rire Véronique "on va manger tard"...
Sa bisexualité est affirmée depuis bien longtemps. Véronique n'a jamais caché
qu'elle aimait aussi les femmes mais depuis qu'elle vit avec Yves, elle n'a eu absolument aucune autre relation et n'y a jamais pensé ni ne l'a désiré. Il faut dire qu'Yves l'aime souvent comme
une femme pourrait l'aimer... mais là, Elodie, son amie Elodie, la trouble, l'attire comme jamais elle n'y avait pensé. Est-ce la séquelle de l'accident ? L'absence d'Yves ? La peur rétrospective
de perdre l'être aimé ? Oui! Elle a un besoin fou, immédiat, irrépressible d'être aimée et d'aimer. De se fondre en un désir imminent, urgent, sans répit. De se protéger, de se blottir, de donner
son amour. Elle est submergée de cette vague imprévue, improbable et pourtant si palpable. Son cœur a changé de rythme pour atteindre les battements du désir. Elodie a desserré son étreinte comme
si elle relâchait son corps pour l'abandonner à son amie blottie au creux de son épaule. Il y a quelques secondes, elle a ressenti le léger frémissement de Véronique. Sa pression plus ferme sur
elle. Elodie, à peine éveillée, a envie de sombrer en amour comme Véronique, sans le savoir mais en le percevant fort bien. Oublier les peurs. Elle n'a jamais été aimée par une femme mais elle se
sent si proche de Véronique, si intime. La souffrance partagée est aussi un acte d'amour. Alors, elle sourit et sa main caresse les cheveux courts si blonds, de cette amie qu'elle aime tant sans
jamais avoir eu d'autres attouchements que les bises échangées au gré des rencontres. Sans rien attendre mais libre de tout préjugé, sans rien demander mais ouverte à toute proposition, Elodie a
un heureux caractère que certains qualifient parfois de faible. En réalité, elle évite les polémiques, ne connait pas la colère et pourtant elle a de l'autorité malgré son regard enjoué et ses
façons de se montrer soumise. En amour, avec son compagnon Pierre-Louis, elle se laisse souvent dominer puis retourne la situation et alors elle devient une véritable maîtresse. Dans la vie comme
au lit !
Peu à peu, mais finalement assez vite, Véronique et Elodie se sont enlacées,
jambes entrelacées. Elles se regardent, se sourient, pas un mot. Elle savent. Et leurs lèvres se trouvent scellées, leurs langues jouant l'une avec l'autre avec frénésie. Le désir est puissant
mais, par une sorte d'accord intime non-dit, elles veulent aller lentement. Elodie est étonnée par tant de douceur et tant de vigueur. Jamais elle n'a été ainsi embrassée, elle frémit au contact
de la main caressant son visage, l'autre toujours dans ses cheveux, ventre contre ventre. Elle ne sait trop quoi faire, alors elle s'abandonne tout en pressant la taille de Véronique en une sorte
de geste d'acceptation, d'offrande. "Oui! Je sais...Elodie, chérie, oui, viens" et Véronique ouvre le corsage pour dégager ces petits seins aux larges aréoles, tout ronds et si fermes. Elodie lui sourit "oui, Véro, Véro, je n'ai jamais fait ça..." balbutie-t-elle tout en se cambrant alors que Véro pose sa bouche sur un sein et
encorbelle l'autre dans une main. Délicieux contact que cette bouche qui aspire, mordille, suce, étire le bout et que la main masse son autre sein comme elle aime tant. Elodie pousse un profond
soupir qui se prolonge en une sorte de plainte sourde. A son tour elle passe une main sous le t-shirt de Véro et dégrafe son soutien-gorge qui libère des seins lourds et veloutés. A nouveau leurs
lèvres se retrouvent en baiser passionné. Elodie sent l'humidité envahir sa vulve. "Oh! Véro que c'est bien, c'est si bien,...." "Oui mon Elodie, ma petite chérie..." et Véronique parcourt de ses
lèvres, de sa langue le cou, la nuque, le haut des seins puis passe en dessous des globes, descend sur le ventre. Elodie ferme les yeux. Soupirs. Sa culotte glisse en même temps qu'elle sent la
langue de Véro parcourir le haut de ses cuisses. Frissons.
Oublié Pierre-Louis. Oublié Yves. En cet instant elles sont amies, amantes, hors
du temps, hors d'espace. Véronique parcourt les jambes d'Elodie de sa bouche avide puis arrivée aux chevilles, elles massent les jambes, les fesses, avec délectation. Murmure "Mets-toi sur le
ventre....". Elodie se retourne. Elle ne voit plus Véro. En revanche elle sent ses mains qui s'emparent de ses fesses, de ses hanches, de son dos, de ses épaules, en des gestes de massage et de
caresse. Ces mains qui la caressent avec tant de fermeté l'amènent à écarter ses jambes. Véronique lui écarte alors encore plus les jambes en saisissant ses cuisses et très doucement dépose des
baisers furtifs tout autour de sa vulve puis sur les lèvres ourlées pour s'arrêter enfin sur le clitoris gonflé de désir. Tout en suçant, mordillant,
étirant le bouton si ferme, elle entre deux doigts, lentement très lentement, dans la vulve inondée d'Elodie qui tend son ventre, se cambre, ondule , éperdue de désir.
Le soleil a décliné. La chambre est dans une pénombre quasi-totale. Les lèvres,
la langue de Véronique s'activent de plus en plus. Les doigts caressent les parois, tournent puis appuient là où c'est si sensible. Elodie gémit de plus en plus fort. Elle enserre la taille de
Véronique entre ses cuisses. "Oh oui Véro Véro encore, encore...je t'aime...oui oui" et la main de Véro enserre à nouveau les seins pour les masser avec force en étirant les boutons. Elodie a un
premier spasme. Elle feule en s'abandonnant totalement. Ses gémissements qui augmentent ne font
qu'encourager Véro qui sent sa vulve inondée. Elle aussi veut ce plaisir. Elodie crie, son ventre se raidit, ses reins sont brulants, du profond de son être, la jouissance l'envahit. Véro boit
son jus amer tout en abandonnant la source pour saisir les lèvres d'Elodie en un baiser au goût si sucré et elle se retournent ainsi unies. Véro "Elodie... à toi...je suis à toi...." et Elodie
répond en glissant directement entre les cuisses pour s'emparer vivement du sexe de Véronique. En quelques instants Véronique gémit, ondule de tout son corps enfin caressé, yeux clos, elle se
laisse emporter par la vague qui la submerge. Elodie arrête alors ses jeux de bouche. La regarde "Véro...attends ma douce". Elle saisit les seins lourds et si fermes pour les masser avec douceur
puis avec une vraie frénésie. Véro se tord de désir. Sa vulve prête à exploser. Elodie va la faire jouir ainsi. Sa cuisse collée au sexe ruisselant. Véro soupire, halète, elle sent monter en elle
le feu. Elle explose sous ces caresses si violentes, imprévues et merveilleuses.
Allongées côte à côte, épuisées. Elles se tiennent par la main. Collées l'une à
l'autre. La première Elodie murmure "je n'aurais jamais cru ça". Véro chuchote "moi non plus" et, naturellement, elles s'embrassent à gorge perdue. Le repas va encore attendre, tant elles sont
enfin apaisées, réconfortées en une amitié devenu amour par accident.